Chers amis, camarades, collègues et co voyageurs sur cette petite planète bleue et magnifique, je suis très contente d’être là et de partager avec vous quelques réflexions optimo pessimistes.
Dans son livre de poèmes « Ecologiques », Michel Deguy nous parle de l’importance des mots :
Il ne faut pas confondre notre relation « terre / monde » et « la planète ». La planète est un astre errant, bolique, cosmique qui est là semble-t-il depuis plusieurs milliards d’années. Et qui continuera encore à errer plusieurs milliards d’années. Non. Il ne s’agit pas de la planète.
Ce qui est en jeu aujourd’hui dans le mot « écologie » c’est notre relation terre/ monde, notre habitation, notre relation d’être humain à la terre, la pluralité de nos mondes et son contraire la « mondialisation ». Cette mondialisation qui épuise la terre, qui essai de la soumettre à ces besoins, qui la malmène, la pille, lui fait la guerre, la décime et la dévaste.
Naomi Klein raconte qu’en décembre 2012 au Congrès de l’Union Américaine de géophysique, un analyste de systèmes complexes s’est avancé sur l’estrade pour lire un essai qui avait pour titre :
Is earth fucked ?
Est-ce que la terre est foutue ?
Sa réponse était :
Oui…presque..
Tel est le chemin que nous sommes en train de prendre.
Mais c’est qui est en cause c’est moins le carbone que le capitalisme.
Notre système économique actuel est en guerre avec la vie sur terre.
Nous ne pouvons pas changer les lois de la nature, mais nous pouvons changer notre économie malade. C’est pourquoi le changement climatique n’est pas un désastre c’est aussi notre meilleure chance d’exiger puis de bâtir un monde meilleur.
Chers amis
Si seulement on pouvait cueillir,
l’énergie
de nous tous qui sommes réunis
ici aujourd’hui,
l’énergie de nos rêves
de nos désirs, de notre idéalisme
de nos espoirs fous
pour un monde meilleur
si on pouvait canaliser
cette énergie et la transformer
en un vent immense
qui soufflerait
puissamment
et furieusement
un vent qui raviverai
la flamme de nos rêves
quand nous sommes épuisés
par la bataille
un vent qui nous insufflerait
le courage de rester éveillées
quand tout ce qu’on désire
c’est de se coucher
un vent qui attiserai le feu de l’amitié
de la solidarité
de la confiance
de la justice et
de la bienveillance
Car je pense que c’est bien ça le grand défi de ce moment.
Les choses sont en train de changer.
Comme elles l’ont toujours fait.
Le changement, la loi de la gravité et la mort
sont les trois choses dont on peut être sûrs,
comme disait ma grand mère.
Malheureusement les choses ne changent pas toujours pour le mieux
A La Biennale de Venise cette année une des pièces le plus émouvantes venait de Tuvalu.
S’étendant sur 300 m2, l’installation représentait un paysage où ne subsiste que la mer et le ciel, les terres ayant été englouties par la montée des eaux : les artistes ont inondé le sol du pavillon en pompant l’eau dans un canal de la cité des Doges, (petite ironie qui ne passe pas inaperçu bien sûr). Une fragile passerelle en bois permet aux visiteurs de :
« Traverser les eaux »…ou pas.
Traverser les eaux, être inondés par les eaux…on dit que Tuvalu risque de disparaître dans dix ans si les océans continuent de monter comme ils le font maintenant.
Il paraît que l’une de deux populations d’orignaux de l’Alberta a passée de 4000 individus en 1990 à une centaine à peine aujourd’hui. Le résultât des eaux contaminées par les effluents toxiques des sables bitumineux.
D'autres espèces vivantes, des êtres sensibles, sont en voie de disparition ou sont déjà disparus.
Je suis souvent submergée par la peur et une sensation de menace. Des pressentiments hostiles, inquiétants et de mauvais augure, m’envahissent quand je commence à penser à tout cela. Et puis le travail qui reste à faire pour changer les choses me semble si énorme, si immense et si inatteignable que j’aimerais mieux me déconnecter et m’endormir.
Je pense bien que je ne suis pas toute seule à ressentir cela.
Et c’est cela précisément notre force. Nous ne sommes pas seuls. Nous ne sommes pas seuls. Regardez autour de vous.
Nous devons faire du bruit, nous devons nous faire entendre, nous devons résister, nous devons dire non, nous devons parler, nous devons traduire, nous devons aimer, préparer à manger, nous devons nous occuper de nos enfants, nous devons chanter, faire du théâtre, nous devons rire et pleurer.
Et puis, si je m’endors un petit moment, tu surveilleras le feu, et puis tu te reposeras un peu et elle continuera, et elle se reposera, et toi tu continueras et lui se reposera et lui là bas continuera….et comme ça….encore et encore……
Les exemples de petites victoires sont importants, ils alimentent le vent de l’espoir…ainsi que du thé et du café et des sandwiches
et les histoires, et la musique, et le rire oui oui oui le rire, et des recherches scientifiques et des statistiques et des inventions nouvelles et notre immense et inépuisable imagination.
Vous savez déjà tout cela….c’est pourquoi nous sommes tous là…
On est tous ici, on est tous partout, parce que en face ils sont beaucoup plus forts, ils ont plus d’argent, ils sont sans pitié, leur commerce c’est des mensonges, du mépris et de la peur, ils ne bougeront que sous notre pression. Ils pensent que le monde leur appartient.
Micèle Millner, 28 novembre 2015